only the dark / jon.

@jon marx
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Le soleil, déjà bien installé dans le ciel. Pas trop lumineux, aujourd'hui, juste un peu. À moitié couvert de nuages grisâtres, il va pleuvoir ce soir. Ça se sent déjà dans l'air, mais y'a des heures entières avant que ça ne se mette vraiment à tomber. Elle aura sûrement l'occasion de rentrer, Lola, avant de se faire détremper. Quoique la température anglaise réussit toujours à surprendre, et n'importe quel londonien qui se respecte sait que les présages des nuages ne sont pas ancrés dans le ciment. La pluie vient quand elle vient, tout simplement. Elle avance d'un pas rapide, déterminée à arriver plus rapidement qu'autrement à la salle de répétition. Pas envie de s'attarder, aujourd'hui, l'humeur un peu maussade dans la tête. Moue caractéristique sur les lèvres, qu'elle n'a qu'à rarement inventer. Elle ne sourit pas beaucoup, Lola, c'est la vérité. Pourtant à une époque c'était différent, quand son frère savait lui tirer les sourires lumineux qu'elle peut avoir - mais maintenant, les instances sont rares. Quand ça lui arrive, c'est souvent sur scène, alors que l'adrénaline coule dans ses veines, et que le monde entier semble trembler sous ses pieds. La musique pour les rassembler, sa voix qui se mêle à celle de la foule, et elle est heureuse, Lola. Sauf qu'avant ça, faut répéter, étapes inévitables qui savent vraiment lui tirer des soupirs. Pas toujours envie de se taper les humeurs des autres membres du groupe, leurs caprices ou leur hostilité. Pas le choix, ça fait partie du métier - mais elle doit l'avouer, Lola, que parfois les piques et les disputes commencent à la lasser. Pas question de leur céder quoi que ce soit, cependant. Là pour rester.

Elle baisse légèrement la tête quand la dévisage au détour d'une rue, pas envie de se faire prendre en photo ou de se faire accoster, y'a des journées comme ça. Elle veut juste savourer la chaleur du soleil sur sa nuque, et respirer l'air frais avant de se jeter dans la gueule du loup. Débarquée en avance, elle aura le temps de décompresser un peu. Réchauffer sa voix qui s'éclatera contre les murs de la pièce, et trouver une quiétude dans le creux de ses tripes. Se préparer aux regards noirs de Jon, aux piques de Jesse, au silence de Red. À encaisser, à riposter. Presque comme une guerrière attendant au front du champ de bataille, lance déjà ensanglantée entre les doigts. Elle s'éclaircit la gorge, retirant ses lunettes de soleil alors qu'elle pénètre dans le garage. Petite pénombre à laquelle s'habituer, et elle retire sa veste pour la jeter dans un coin alors que ses yeux repèrent une silhouette déjà campée là. Le grognement qui lui échappe presque, à la bête solitaire qui n'est soudainement plus si seule. Jon. Carrure reconnaissable entre milles, avec ses tatouages et sa gueule qui semble toujours un peu cassée. « Oh. Salut. » Ce n'est pas très enthousiaste, mais elle ne l'est pas, Lola. Et ce qu'elle déteste le plus, c'est de devoir prétendre être ce qu'elle n'est pas. « Déjà là ? Faut croire qu'on a eu la même idée. » Et son ton laisse entendre sa lassitude, elle qui croyait avoir le loisir d'être un peu seule. Faudra s'endurer avant que les autres arrivent, et ne pas se sauter à la gorge au premier mot déplacé.

Voilà qui promet.

@jon marx
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Il se tient là, presque échoué. Écrasé par ce qui le hante, les fantômes dans chacun de ses regards. Lola, elle avait jamais connu Lya. Pas vraiment. L'avait déjà vue sur scène, y'a quelques temps de ça. Juste un visage un peu flou dans ses souvenirs, mais pour Jon, c'était tout autre chose. Enfin, ça avait semblé être, des morceaux que Lola avait pu assembler. Des histoires qui arrachent le coeur et qui le font exploser en milles miettes. Les coeurs écorchés des histoires terminées trop rapidement, sans prévenir. Y'avait une part de Lola qui ne pouvait que compatir face à sa douleur. Après tout, elle aussi connaissait la main froide de la mort, celle qui lui avait arraché son frère il y a quelques années de ça. Elle savait que c'était, de se réveiller avec toujours ce creux dans l'estomac, ces espaces vides dans l'atmosphère, et cette sensation de ne plus trop savoir où placer ses pieds. Mais elle n'allait pas lui dire ça, à Jon. Surtout pas. Elle était pas là pour être son amie, pas pour être son psy. Elle était là pour chanter, et elle était là pour sa carrière. À elle, même pas à eux. Ce groupe comme trampoline, probablement, mais c'était toujours un début.

« Pas la peine de prendre tes grands airs. » Elle inspire profondément, Lola, bien tentée de lui claquer une remarque en plein visage. Mais ça servait à rien, elle le savait, c'était comme essayer de négocier avec un mur de briques et ça ne ferait que la fatiguer. Fallait juste s'endurer, mais y'avait des journées où c'était plus compliqué. Elle le regarde se prendre une cannette de Cola, alors qu'elle dépose ses affaires dans un coin. Le silence presque désagréable, comparé à l'habituelle cacophonie musicale qui régnait dans le studio où ils répétaient si souvent. « T'as pas eu de nouvelles des autres ? » Elle espérait bien qu'il allait lui annoncer qu'ils seraient d'avance, eux aussi, pour au moins ne pas avoir à être seule avec lui bien longtemps. L'hostilité qui ne l'affectait pas, mais qui avait le don de l'agacer au plus haut point. « Peu importe. » Qu'elle soupire finalement, allumant quelques machines pour se placer devant le micro, la voix qui se mets à résonner dans la pièce. Quelques paroles répétées, pour s'échauffer la voix. Puis quelques sons, dans son dos, et elle arrête brusquement pour se tourner vers lui, regard noir comme la tempête. « T'as quelque chose à dire, peut-être ? » Autant le dire maintenant, Jon.