every breath you take (preston)

Tu n'es pas dans ton assiette, tu n'es pas d'humeur à vrai dire. Tu venais de te faire remonter les bretelles par ton grand chef comme jamais. Cela t'était déjà arrivé de prendre une soufflante par tes supérieurs dans le passé. Tu étais ce genre de flic têtu et impulsif qui se mettait en danger pour un rien, alors tu avais parfois besoin d'être recadré. Mais aujourd'hui, tu avais été trop loin. Tu avais foutu en l'air une enquête en contournant la procédure. Tu étais entré par effraction chez un type qui était dans ton collimateur depuis des semaines, pour lui subtiliser des preuves. Tu étais convaincu de sa culpabilité contrairement à tes collègues et il te fallait vite tes preuves pour le mettre hors d'état de nuire. Sauf que tu as outre passé tes droits, tu n'as pas obtenu de mandat et tu as donc obtenu tes preuves illégalement les rendant irrecevables. Voilà comment tu as attiré les foudres de tes supérieurs. Oh mais tu sais que tu as merdé, tu l'as su dès que tu es rentré par effraction dans cette maison. Mais cela avait été plus fort que toi. Maintenant, tu en payais les conséquences. Tu étais mis à pied pour deux mois, le temps que tes supérieurs sachent quoi faire de ton cas. Tu ne te faisais pas d'illusion, ils allaient te proposer deux solutions : le renvoi ou le changement de service. Pour toi, le choix était vite fait, tu préférais encore changer de service que de quitter la police. Ce boulot, c'était devenu ta raison de vivre, tu ne te voyais pas faire autre chose à vrai dire.

Tu rentres donc chez toi, vidé. Tu es censé retrouvé ton petit-ami qui était également ton supérieur. Tu redoutais un peu de le retrouver car tu avais merdé. Alors certes, vous vous étiez promis de ne pas laisser votre vie professionnelle empiéter sur votre vie personnelle mais là, tu savais que cela allait être compliqué. Et tu le comprends aussitôt que tu mets les pieds dans l'entrée de votre appartement en voyant ton sac posé près de la porte. Tu soupires doucement, tu réalises soudainement que cette journée allait être vraiment pourrie jusqu'au bout. « Alors le héros est de retour à la maison hm ? » tu entends sa voix glaçante qui te fait aussitôt grimacer. « Drôle de façon d'accueillir un héros... » tu dis sèchement en montrant ton sac par terre. « Tu nous as foutu dans la merde Preston, tu m'as foutu dans la merde ! Je dois rendre des comptes maintenant, tu y as pensé à ça ? » tu hausses un sourcil, agacé qu'il parle de lui dans un moment pareil. « Faut toujours que tu ramènes tout à toi hein ? Tu ne peux pas t'en empêcher... Je croyais qu'on était clair à ce sujet, on laisse le boulot en dehors de notre vie de couple ! » tu hausses le ton, tu savais déjà comment cette discussion allait se terminer. « Parce que tu crois qu'après ce que tu m'as fais, il y a toujours une vie de couple ? » tu restes bouche bée, tu ne pensais pas que ce serait si rapide. Tu es vexé et en colère mais pas si surpris que cela en vérité. Cela ne fonctionnait plus depuis quelques temps, il vous aura fallu un événement comme celui-ci pour vous décider à vous bouger. Un mal pour un bien comme on dit. « Ok, j'ai compris... Je me casse, vu que je n'ai pas le choix. Je vais aller là où je serai bien accueilli... » tu dis froidement en ramassant ton sac avant d'ouvrir la porte. « Oui voilà, retourne donc le voir, tu n'aurais jamais dû le quitter de toute façon. » tu le regardes en fronçant les sourcils, ne comprenant pas ce qu'il voulait dire sur le coup mais tu ne demandes pas ton reste et tu pars en claquant la porte.

Les pas t'ont automatiquement guidé jusqu'à ton ancien appartement. Tu connaissais le chemin par cœur après tout, tu avais vécu là-bas pendant plus de dix ans. Pour toi c'était évident de revenir vers Eliott. Mais tu savais que tu allais avoir le droit à un accueil tout aussi glacial. Tu savais qu'il n'avait pas supporté le fait que tu le plantes il y a quatre ans. Alors que tu te pointes maintenant comme une fleur en lui demandant s'il voulait toujours de toi, tu te doutais qu'il n'allait pas sauter de joie. Mais c'était Eliott, c'était ton meilleur ami, tu le connaissais par cœur et tu savais qu'il n'était pas fait pour rester seul, du moins sans toi. Tu rentres dans l'immeuble avec une boule au ventre, tu étais de moins en moins sûr de toi mais tu savais que c'était la chose à faire. Tu restes devant la porte de l'appartement pendant une dizaine de minutes, cherchant quoi dire lorsqu'il t'ouvrirait. Tu finis par frapper, autant y aller. La porte finit par s'ouvrir après de longues minutes, mais tu ne t'inquiètes pas, tu te doutes qu'à l'heure qu'il est, Eliott devait être en pleine partie d'on ne sait quel jeu et tu sais aussi qu'il n'est pas du genre à laisser une partie en plan pour répondre à la porte. Tu le vois là, sur le seuil de la porte, avec un petit air méfiant sur le visage. Tu es rassuré de le voir ce soir même si tu sais que ce n'est pas forcément réciproque et que tu allais devoir ramer pour regagner sa confiance. « Hey... rassure-moi, tu n'as pas transformé mon ancienne chambre en studio de streaming ? » tu demandes avec un petit sourire histoire de détendre l'atmosphère. A en voir sa tête, tu comprends très vite qu'il te faudrait bien plus qu'une plaisanterie pour le dérider. Tu avais encore un long chemin à faire.