Un chagrin d'amour... Une samsonite oubliée sur le quai d'une gare

Un chagrin d'amour... Une samsonite oubliée sur le quai d'une gare

Appartement de Blight, automne 2019

Le message d’Alex était clair, court et presque sec. Pour une raison qu’il ne précisait pas, il voulait me parler en tête à tête le plus vite possible. Rapidement, je lui envoyais une réponse pour lui proposer de passer chez moi dès qu’il le voulait. Je n’avais pas l’intention de quitter mon appartement de la journée de toute manière. Bien que nous soyons en weekend, j’avais apporté avec moi le dossier d’une affaire concernant un violeur hongrois que l’on soupçonnait d’avoir élu domicile à Londres. Cet homme était un véritable monstre, et sa dernière victime avait succombée à ses blessures. Une américaine de l’âge de ma fille, raison de plus pour que l’on réussisse à choper cette ordure.

Pourtant, tout en travaillant sur ce dossier, je ne pouvais m’empêcher de spéculer sur les raisons de la visite d’Alex. Venait-il me parler d’une affaire commune ? Ou Était-ce pour une raison plus personnelle ? Dans l’espoir d’y déceler un sens caché, je relisais de nouveau son texto. Ce qui me frappait le plus était le fait qu’il n’y ait pas de formule de politesse. Alors, subitement, j’établis une conclusion hâtive, indigne de l’enquêteur que j’étais. Alex avait fini par découvrir la vérité et il venait me demander des explications.

Je restais blême pendant plusieurs minutes à cette idée. Fixant sans la voir la photo du corps sans vie de l’américaine. Ou avais-je merdé ? Avait-il lu un message que j’avais envoyé à Spencer ? Elisabeth m’avait-elle rencontré chez son mari sans que je m’en souvienne ? Qu’allais-je bien pouvoir lui raconter pour qu’il comprenne mes choix ? Je ne trouvais aucune réponse à mes questions, mais brusquement, je tapais du points sur ma table en poussant un cri rempli de rage. Je haïssais cette situation qui, j’en étais persuadé, se solderait soit par la mort d’Alex, soit celle de Spencer, soit la mienne. Et aucune de ces options ne me convenait.

Je poussais un profond soupire quand on sonna à mon appartement. Bien qu’ayant une bonne idée de qui était là, je jetais un rapide coup d’œil à travers le judas pour voir que c’était bien Alex. Un nouveau soupire, de soulagement cette fois, quitta ma poitrine lorsque j’ouvris la porte. A moins qu’il cache parfaitement bien son jeu, Alex ne semblait absolument pas furieux contre moi.

« Salut... Entre, proposais-je avec toujours une légère inquiétude. Il y a un soucis ? »

Alexander Harrigton && @Blight Langston

Un chagrin d'amour... Une samsonite oubliée sur le quai d'une gare

Voilà, Elizabeth avait sa journée de boulot. Surveillée constamment et pas par lui mais elle avait sa journée de boulot et il avais enfin un peu de temps libre. Du temps libre pour vider son sac avec quelqu'un d'autre qu'elle. Il en avait grandement besoin. Il hésitait cependant parce qu'il savait qu'il allait se montrer vulnérable. Son travail et sa femme étaient ses deux talons d’Achille et malheureusement l'un d'entre eux avait foutu le camps il y a quelques semaines. Depuis Alexander encaisse sans jamais rien dire, il craque uniquement le soir quand il est seul et que sa témoin dort dans la chambre et lui sur le canapé. C'est les seuls moments qu'il s'accorde parce qu'il sait que personne ne verra ça, le désastre qu'il est en train de devenir une fois toutes les lumières éteintes. Bien que la dernière fois, elle ai entendu, elle est venu le retrouvé finalement et c'est contenté d'un silence appréciable. Désormais, il ferait plus attention à ce qu'il fait la nuit, il ne voulait pas qu'on le voit dans cet état, encore moins elle.

Fierté de mâle dites vous ? Tout à fait. Anglais qui plus est alors non il ne supportait pas qu'on le voit si vulnérable. Il hésitait donc à contacté Blight. Son meilleur ami. Il avait certainement d'autres choses à faire comme lui d'ailleurs. Mais le poids de ce chagrin sur ces épaules était trop lourd à porter, voilà trop de temps qu'il garde ça pour lui sans jamais évacuer. Là il le fallait. Prenant son courage à deux mains, il attrapa son téléphone et envoya un message à son ami si précieux. Il avait toujours été là et vice versa. Il était le seul qui pourrait l'aider. Rapidement il se rendit à son appartement comme il le lui avait proposé, sonnant à sa porte et constatant qu'il mit quelques minutes à réagir. Peut-importe, il n'était pas la pour analyser le pourquoi du comment Blight avait mis autant de temps à ouvrir. Serrant son ami dans ses bras, il entra alors chez lui. Les mains dans les poches, il comprit qu'ils allaient attaqués le vif du sujet rapidement. Soit. Mais pas comme ça, il fallait quelque chose pour faire passer ses paroles.

- « Ouai euh .. t'aurais un café par contre ? Ou un whisky.»   Le whisky était devenu son meilleur ami bien qu'il fasse attention à ne pas trop en consommer. La dernière fois qu'il avait bus plus d'un verre, Elizabeth et lui avaient faillit y passer parce qu'un homme s'était introduit dans leur planque. Ils étaient d'ailleurs toujours en attente de changement. Il ne buvait pas à outrance, mais ajoutez à cela le fait qu'il ne dorme pas, deux verres suffisent pour lui embrouiller l'esprit, même si là était le but recherché. Il soupira un grand coup.

-« C'est Magda. Elle m'a foutu dehors. » Lâcha t-il de but en blanc comme ça. Comme un pansement qu'on arrachait le plus vite possible pour qu'il soit moins douloureux, mais ce n'était pas le cas en fait. Passant sa main sur son visage comme pour effacer sa peine, il se laissa tomber sur le canapé de son ami pour s'y assoir. Attendant bien sagement son whisky.

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Appartement de Blight, automne 2019

Ce matin-là, mes sentiments semblaient être dans des montagnes russes interminables. Après un léger moment de bonheur à l’idée que mon ami vienne me rendre visite, j’avais été inquiet à l’idée qu’il ait découvert la vérité, puis j’avais été heureux et soulager de constater qu’il ne m’en voulait pas. Mais à présent, j’étais de nouveau inquiet en voyant son état. Sa demande et son comportement, n’étaient pas habituel. Pour couronner le tout, il venait de m’avouer plus ou moins qu’il y avait bel et bien un soucis.

« Euh…Je peux te préparer un café si tu veux, proposais-je. »

Vu son état, je n’étais pas persuadé qu’un verre de Whisky soit des plus judicieux. Nous pourrions cependant partager un verre lorsqu’il m’aurait expliqué ce qui n’allait pas. Les bouteilles de Bourbon que ma fille m’avait rapporté à sa dernière visite ne demandaient qu’à être bues. Bien que je me sois adapté à plusieurs produits et coutumes européennes, je restais persuadé que les américains faisaient un bien meilleur whisky. Tout en jetant le filtre à café usagé dans mon lombricomposteur d’appartement, j’écoutais Alex m’annoncer que Magda l’avait quitté.

« Oh merde, lâchais-je subitement tout en me tournant vers lui. »

Sincèrement désolé par ce qu’il lui arrivait, je retournais auprès de lui pour poser une main amicale sur son épaule.

« C’est…Définitif ? Ou il y a encore de l’espoir ? »

Après tout, Sarah et moi on s’était disputé plusieurs fois pendant la maladie de notre fille. Elle m’avait un jour menacé de ne pas me laisser entrer, après que je m’étais absenté quasi une semaine sans explications. Mais à chaque fois, on avait réussi plus ou moins à recoller les morceaux tous les deux.

« Ok ! Va t’assoir, ordonnais-je presque. Je lance la cafetière et on discute ! »

Un chagrin d'amour... Une samsonite oubliée sur le quai d'une gare

Appartement de Blight, automne 2019

Tandis que je préparais le café que je lui avais promis, je l’écoutais m’expliquer la situation en détails. La situation était plus grave que je ne le pensais ; Magda lui avait déjà envoyé des papiers pour le divorce et refusait qu’il rentre dans leur foyer. Je n’étais pas juriste, mais il était évident que ce point serait à rappeler lors du procès du divorce. Leur logement leur appartenant à tous les deux, Magda était là dans l’illégalité.  Je grimaçais légèrement quand je le vis sortir un paquet de clopes de sa poche. Moi qui avais fumé comme un pompier à une époque, j’en étais venu à ne plus supporter l’odeur du tabac. Elle me dégoutait à en avoir des haut le cœur. Mais c’est surtout pour lui que je lui conseillais de réduire sa consommation.

« Je ne pense pas que ce sont les clopes qui vont t’aider tu sais, remarquais-je. »

Le café étant près, je le servais dans deux mugs hideux que j’avais gagné je ne sais où avant de les placer sur un plateau avec un ramequin contenant quelques carrés de sucres. J’apportais ensuite tout ça sur la table du salon avant de m’assoie à mon tour sur le canapé à côté de mon ami.

« Et elle ne t’a rien dit d’autre ? Tu sais, le problème vient peut-être d’elle. Elle a des soucis et elle pense que le problème vient de toi. »

Je n’avais jamais été proche de Magda, je ne savais même pas si je l’appréciais ou pas. Ni qu’est-ce qu’elle pensait de moi. Elle n’était qu’une présence lorsque je me rendais chez mon ami.

« Crois-moi, je sais que c’est difficile mon pote. Mais faut que tu te ressaisisses ! »

J’attrapais mon mug pour boire une gorgée trop chaude de mon café. Je n’avais aucune idée si oui ou non je trouverais les mots justes pour réconforter mon ami.

« Tant que les papiers ne sont pas signés, ne considère pas ton couple comme fichu ! Tu sais que je sais ce que c’est de perdre sa femme. Tu n’as pas encore perdu Magda. Rien n’est perdu. »

Je tapotais passais alors mon bras autour de ses épaules pour le réconforter.

Un chagrin d'amour... Une samsonite oubliée sur le quai d'une gare

Appartement de Blight, automne 2019

Malgré tous les mensonges qui l’entouraient, avec en premier lieu le fait que je travaille pour un homme auquel la femme qu’il protégeait essayait d’échapper, l’amitié qu’il y avait entre Alex et moi était réelle. Je me souciais sincèrement du bonheur de mon ami. Au fond de moi, j’espérais que lorsqu’il finirait par découvrir la vérité à mon sujet, il se souviendrait que j’étais là lorsqu’il en avait eu besoin. Que j’avais trouvé les bons mots pour l’aider à se remettre de sa rupture avec Magda ou pourquoi pas pour l’aider à la reconquérir. Mais quel mots seraient suffisant ? Visiblement, essayer de lui donner espoir en affirmant que tant que les papiers n’étaient pas signés, rien n’était fait, ne suffisait pas. Alex n’avait plus envie d’y croire.

« Elle voit probablement le compteur de son âge avancer et elle a finit par réaliser qu’elle ne sera sûrement jamais mère si elle reste à tes côtés. »

Je ne disais pas ça pour justifier le comportement de Magda. Si ma suggestion était la bonne, cela aurait dû être à elle de le raconter à Alex. A moins bien sûre qu’elle ne l’ait déjà fait. Mais cela pouvait au moins donner une explication.

« La dernière fois que je vous ai vu ensemble, vous aviez vraiment l’air amoureux l’un de l’autre. C’est à vous de voir ce que vous préférez sacrifier. Votre couple ou le fait d’avoir ou non un enfant. »

Apparemment, Magda avait fait son choix. Mais Alex était-il sûre du sien ? D’un geste amical je lui tapotais l’épaule en soupirant.

« Je ne peux rien te promettre mon frère, mais crois moi, je vais faire mon possible pour que tu ailes mieux. Avec ou sans Magda. »

Puis passant ma main sur mon visage pour réfléchir je fis une suggestion
.
« Puisque elle ne veut pas voir l’homme, essaye de la faire convoquer en tant que flic d’Interpole. Invente une histoire de trafique international au sein de son établissement. Elle finira bien par parler dans l’une de nos cellules. »