A vrai dire, les patrouilles de Police ne sont plus ma spécialité depuis quelques années, mais j'avais accepté de remplacer un collègue qui allait se marier. Je n'allais pas lui refuser un jour de congé, sous prétexte que son boulot n'était pas de mon ressort... Surtout qu'il avait besoin d'être remplacé une seule fois, par moi. Ses tournées allaient être mises sur l'un de ses collègues qui souffrira de l'absence de son partenaire bien plus que moi, derrière le volant de sa voiture de patrouille.
Je n'avais cependant pas pu me résigner à enfiler le costume du petit flic de quartier, j'avais perdu cette habitude depuis bien longtemps et même pour une fois, je n'aurai pas fait l'effort de me prêter au "jeu"... Puis de toute façon, en me préparant ce matin, j'avais enfilé mes vêtements habituels, en oubliant totalement qu'il faudrait que je fasse des heures supplémentaires pareilles.
Un long soupir s'est échappé de ma bouche quand j'ai aperçu la voiture de Boris. La bonne vieille voiture de police, rien de bien folichon, rien qui me donnerait envie d'y passer une minute de plus dès lors que j'aurai fini la soirée qui m'était imposée. Dakota allait m'attendre de toute manière, alors si j'avais la moindre minute de retard, elle m'appellerait sans doute pour me demander innocemment où j'en étais.
Jouant avec les clés, j'ai haussé les sourcils et détourné la tête un instant, apercevant au passage un autre collègue qui allait rentrer chez lui pour une bonne soirée avec femme et télé... Le rêve. Un signe rapide vers le chanceux, il m'a fait un sourire qu'il voulait encourageant, mais j'avais la très nette impression qu'il se moquait de moi. Ça n'avait pas vraiment d'importance cependant, parce que je saurai comment faire pour lui en faire baver.
Rien qu'à cette idée, je me suis mis à ricaner tout en enfonçant la clé dans la serrure, afin d'ouvrir cette satanée voiture.
J'ai mis le contact et je suis partie dans les rues mal fréquentées de la ville, mais c'était davantage dans ces zones que les patrouilles devaient s'attarder afin de garantir la sécurité de tous. Après tout, tout le monde n'était pas des délinquants dans ses bâtiments et maisons, les plus pauvres ne pouvaient pas s'offrir mieux. Alors faute de mieux, ils vivaient au milieu des abrutis et délinquants.
C'est finalement dans Milton Grove que j'ai fait tourner la voiture et où je suis tombé sur un homme visiblement bien amoché. Avec sa tenue, je me suis rapidement dit qu'il ne devait sans doute pas vivre dans ce coin. Après, je pouvais me tromper puisqu'il aurait pu bien s'habiller pour un entretien d'embauche, mais mon instinct me dictait que j'étais loin du compte.
Je me suis arrêté à sa hauteur, sortant de la voiture pour l'interpeller gentiment, la main gauche non loin de mon arme. Mon allure, bien qu'ayant omis de mettre le costume réglementaire de patrouille, ne laissait pas de place au doute. Bien qu'habillé plus sobrement avec le logo Police estampillé, on ne pouvait que remarquer la plaque à mon ceinturon, l'arme non loin de là, prête à être dégainé et la veste en cuir par dessus un chemise cravate dès plus simple... Trop simple d'ailleurs.
« Monsieur, vous êtes perdu? » Le type, à peine éclairé par les réverbère à moitié cassé, me laissait apercevoir un homme fatigué, aux gestes aléatoires et à la démarche titubante.
« Monsieur, vous semblez être en état d'ébriété avancé, je me dois de vous emmener au poste de Police. » Avais-je fini par lui dire d'une voix assurée, sans toute fois m'avancer afin d'être prêt en cas de coup porté à mon encontre. Après tout, tout était possible avec un homme aussi torché... Il pouvait très bien vouloir m'en mettre une ou bien, vomir ses tripes et ses verres de je ne sais quoi qu'il avait dû avaler toute la soirée ou bien, je ne sais quelles autres possibilités il pouvait y avoir à cette heure, dans un état pareil.