(Margaret & Poppy) What would you like to say to the citizens?

La brune poussa un léger soupir en passant les portes de la mairie. Elle se présenta au comptoir d’accueil et on l’introduisit rapidement dans un petit salon à l’étage. La jeune femme marcha pensivement dans la pièce en attendant son hôte du jour. La pièce était tout bonnement charmante. Poppy se doutait qu’il était dans l’intérêt des conseillers de la maire de la mettre dans un environnement confortable. Dans sa carrière, la demoiselle avait souvent fait face à des organisations qui tentaient de s’attirer les faveurs des médias par des artifices tels que des présents et des repas. Tout pour qu’elle écrive un article élogieux à leur sujet. Pour sa part, la journaliste avait toujours fait de son mieux pour rester impartiale et ne pas laisser son opinion personnelle ou des facteurs extérieurs l’influencer. C’était certainement ainsi que la brune avait réussi à s’imposer comme un excellent reporter et qu’elle avait obtenu sa dernière promotion. Les talons de la demoiselle claquèrent contre le parquet lorsqu’elle se laissa tomber dans l’un des confortables fauteuils qui décoraient la pièce. Dans sa profession, Poppy était obligée de faire des efforts vestimentaires, à son plus grand regret. Elle se trouvait constamment en présence d’hommes et femmes politiques et si, au moins par son apparence, ils ne la percevaient pas comme une égale, elle ne parviendrait jamais à écrire un article digne de ce nom. Lentement, la londonienne extirpa ses affaires de sa sacoche et les déposa sur la table basse en verre devant elle. Son bloc-note, un stylo et un dictaphone. Poppy était une journaliste de la vieille école. Elle n’avait pas l’impression qu’elle serait capable de mener une véritable conversation, touchant à des sujets profonds, tout en fixant un écran d’ordinateur et en tapant sur un clavier. Le papier et l’encre donnaient un contact beaucoup plus authentique.

La demoiselle regarda rapidement son poignet, prenant connaissance de l’heure. La maire n’était pas en retard. Pas encore. Cette interview était importante pour la brune. Celle-ci marquerait véritablement le début de sa carrière en tant que journaliste politique du Times. De plus, cet article lancerait une série de portraits, concernant les femmes politiques. Poppy n’avait pas le droit à l’erreur. Evidemment, elle ne comptait pas en commettre. Son rédacteur en chef avait bien insisté lorsqu’elle avait pris ses nouvelles fonctions. La politique n’intéressait plus personne. La rubrique peinait à trouver son lectorat et c’était à elle de trouver un moyen d’attirer les foules. Son patron avait clairement suggéré que des articles plus sensationnels attireraient probablement la ménagère moyenne. Une telle démarche était totalement contraire au principe de la journaliste. Pourtant, elle n’était pas certaine d’avoir éternellement le choix. De toute manière, ce n’était pas aujourd’hui qu’elle écrirait un article de tabloïd à propos de la maire. Son cabinet de conseillers lui avait envoyé un mail éloquent avec une liste très claire de sujets à ne pas aborder. Pas de question sur la vie privée de Mme Johnsson, ni sur les rumeurs de divorce qui planaient à son propos, ni sur ses enfants. Cela convenait parfaitement à Poppy. Elle n’était pas devenue journaliste pour parler gossip, mais bien pour aborder des sujets importants pour l’avenir, comme la politique migratoire ou l’avenir écologique de la ville. Finalement, la porte du salon s’ouvrit enfin. La brune se leva rapidement s’empressant d’avancer vers la maire qui venait d’entrer, encadrée par deux de ses conseillers. En guise de salutations, elle tendit une main devant elle afin de serrer celle de Margaret. Elle s’exprima ensuite. « Bonjour, Mme la maire. Poppy Ward, pour le Times. Merci de m’accorder cette interview. »

Cela faisait plusieurs jours qu’elle préparait son rendez-vous de la journée. Pour l’occasion tout avait été pensé que ce soit sa coiffure, son maquillage et sa tenue. Jamais la maire de Londres n’avait mis autant de maquillage pour couvrir les marques de fatigue accumulées à cause de ses problèmes personnels. Un soupir quitta ses lèvres alors que son assistante continuait de lui rappeler les sujets sur lesquels elle pourrait avoir des questions. Si les doutes demeuraient face à certaines idées, la blonde savait comment les aborder doucement. Margaret était une très bonne oratrice quand elle le voulait. Mais certains sujets risquaient de la déstabiliser s’ils venaient à sortir. Notamment ceux à propos de son divorce ou de son époux qui avait quitta le foyer familial.
C’était aussi pour cette raison que ses nuits étaient courtes. Se battre dans un divorce lui demandait beaucoup trop d’énergie. Si elle était épuisée, elle n’arrivait pas toujours à dormir. La possibilité de voir ses enfants loin d’elle lui brisait le cœur.

D’une main elle chassa toutes les personnes inutiles dans la pièce. Seule son assistante resta là, auprès d’elle. S’il y avait bien une personne de confiance à la mairie, c’était la jeune femme devant elle. Maggie soupira, se donnant du courage et de la détermination alors que la jeune femme lui expliquait que certains sujets avaient été déconseillé pour l’interview. Un sourire se dessina sur ses lèvres en guise de remerciement bien qu’elle savait parfaitement qu’une journaliste un peu curieuse pourrait lui poser la question. Depuis qu’elle était dans le milieu, la mère de famille avait appris à vivre avec les emmerdeurs de journalistes qu’on lui envoyait. Après tout durant sa campagne pour la marie il y a trois ans, elle avait eu le droit de voir sa vie décortiquée pour être sûre qu’elle avait le droit de faire ce qu’elle avait toujours voulus faire.

Deux de ses plus proches conseillers entrèrent dans la pièce pour l’accompagner comme à chaque interview. Sûre d’elle, Margaret sortit de la pièce pour se rendre dans celle où se trouvait la journaliste. Entrant dans la pièce, elle sourit poliment à la brune qui se leva à son entrée dans la pièce.

- « Bonjour Mademoiselle Ward. » répondit-elle avec un signe de tête et de s’asseoir face à la jeune femme. « Alors si j’ai bien compris vous reprenez la section politique du journal. C’est un travail de longue haleine qui s’offre à vous. » fit-elle simplement avec un sourire.

L’œil expert de la liverpuldienne scanna la maire alors qu’elle entrait dans le petit salon. La blonde était bien apprêtée. Visiblement, ses conseillers avaient beaucoup misé sur l’apparence pour faire bonne impression. Malheureusement pour eux, Poppy n’était pas facile à tromper. Elle savait reconnaître une coquille vide quand elle en entendait une et elle ne se laissait pas impressionner par des considérations purement visuelles. Margaret était suivie de près par deux personnes, comme une reine par sa cour. La brune n’avait jamais beaucoup apprécié ce genre de vision. Cela lui donnait l’impression que la femme face à elle n’était qu’un pantin, manipulé par un groupe d’individus beaucoup plus grand. Or, la britannique savait que ce n’était pas le cas. Mme Johnsson avait des choses à dire et n’avait pas été élue par les londoniens par hasard, la brune en était convaincue. Toutefois, elle ne pouvait pas laisser cette opinion influencer son interview. La femme se devait de disséquer le moindre propos de son interlocutrice et de ne lui faire aucun cadeau. Après l’avoir saluée, la maire prit place en face d’elle. Poppy sourit légèrement à son commentaire sur sa promotion. Margaret était visiblement une femme informée, qui aimait savoir en face de qui elle se trouvait. Son équipe avait réellement fait un excellent travail de renseignement.

« C’est exact. Vous risquez de me voir souvent. » La journaliste humecta doucement ses lèvres alors que la blonde lui faisait remarquer que c’était un travail de titan qui s’offrait à présent à elle. Elle en était consciente et c’était ce qu’elle voulait. Ce qu’elle avait toujours voulu. Elle était prête pour ça. « Ne vous en faites pas, je sais ce qui m’attend. Il est important pour moi de réinteresser nos concitoyens à ce qui se joue dans l’ombre des bureaux politiques. » La liverpuldienne laissa transparaître un léger sourire pour accentuer ses propos. Elle n’était pas là pour laisser les hommes et femmes de pouvoir utiliser ses articles comme supports de propagande. Ce qu’elle voulait c’était écrire et révéler la vérité. La britannique croisa les jambes et attrapa son bloc-notes, avant de le caler sur l’un de ses genoux. Jouant machinalement avec son stylo, elle reprit. « Je pense que vous avez reçu les informations à propos du déroulement de cet entretien, mais avez-vous des questions ? À partir du moment où j’allumerai le dictaphone, tout ce que vous direz pourra être retranscrit et utilisé, donc profitez-en maintenant. » La brune ne cherchait pas à se montrer menaçante, elle citait simplement des faits.

La politique était un monde requin et d’apparence. Si Margaret avait eu la chance d’être élue maire de la ville, c’était simplement parce que son parcourt était pour le moment sans fautes. Pour le moment, puisque son divorce serait une tâche non négligeable sur son histoire de politicienne. Actuellement, elle était plutôt la femme politique qui avait tout réussit dans sa vie, sa carrière, des enfants et un mariage heureux. Mais il ne s’agissait que des apparences. Apparences que son cabinet continuait de garder. Seulement l’illusion ne pourrait durer éternellement. La blonde n’était pas idiote, les questions finiraient par être posée et sûrement qu’elle devra s’expliquer comme si elle était fautive du fait que son mari la quitte. Certaines fois le monde était injuste mais la mère de famille ne pouvait rien y faire.

Margaret ne répondit pas mais se contenta d’un sourire quand la brune lui avoua qu’elle risquait de la voir souvent. Si elle avait été face à quelqu’un en qui elle avait entièrement confiance, peut-être se serait-elle livrée mais ce n’était pas le cas.

- « Je suis totalement d’accord avec vous. Ils ont le droit de savoir ce que nous nous efforçons de faire pour eux. » confirma-t-elle.

La prestance de la journaliste impressionnait la maire de la ville. Son bureau s’était renseignée sur Poppy afin de savoir d’où elle venait, si elle avait un penchant politique, si elle avait déclaré ouvertement certaine de ses opinions. Mais il n’en était ressorti que le travail qu’elle avait accompli pour en arriver à cet entretien. En tant que femme Maggie ne pouvait qu’honorer le travail acharné que la brune avait dut fournir pour en arriver là. En tant que personnage politique, elle ne pouvait que faire attention à ce qu’elle disait. Seuls les meilleurs arrivaient à gravir aussi bien les échelons à ce que l’on disait. Surtout lorsque l’on ne passait pas par la case presse people.

- « Je suppose que mon bureau vous a transmis certaines informations. Je vous fais confiance pour ne pas poser de questions à ce propos. » avoua Margaret sans aucune animosité. « Si vous êtes prête, je le suis tout autant. » ajouta-t-elle avec un sourire.

La journaliste s’empressa de hocher affirmativement la tête lorsque son interlocutrice mentionna les sujets que son cabinet avait demandés à éviter. La mairesse n’avait pas d'inquiétude à avoir à ce propos, elle n’avait aucune intention de la piéger en abordant sa vie personnelle alors même qu’elle s’était engagée à ne pas le faire. Poppy avait trop d’intégrité pour en arriver là. De plus, elle ne trouvait pas ces sujets pertinents dans un portrait politique. La brune laisserait sans aucun regret ces considérations aux tabloïds et aux magazines peoples. Elle était là pour parler de l’avenir de la ville et rien d’autre. La liverpuldienne se permit tout de même de rassurer Margaret avant d’entamer l’entretien officiel. « J’ai bien reçu ces informations, et je ne compte absolument pas aborder ces sujets. Ils ne m’intéressent honnêtement pas et j’ose espérer que ce n’est pas non plus la priorité des lecteurs du Times. » Elle laissa transparaître un sourire poli avant d’arborer de nouveau une expression neutre, plus adaptée aux circonstances. La femme politique lui annonça qu’elle était prête et la britannique approuva d’un hochement de tête. « Allons-y dans ce cas. », lâcha-t-elle avant de se pencher légèrement en avant pour activer le dictaphone.

Poppy se redressa ensuite, sa posture ayant changée de manière perceptible. Elle se tenait bien plus droite, bien plus fière. Il était évident que la trentenaire était dans son élément. Elle était en pleine confiance. Les yeux chocolat de la brune glissèrent pendant quelques secondes sur ses notes et les questions qu’elle avait préparées. Ils vinrent ensuite se planter dans les prunelles de Margaret, alors qu’elle tournait une nouvelle page de son bloc-note, la pointe de son stylo déjà en contact avec le papier. Elle était prête à boire les paroles de la mairesse. Littéralement. La journaliste énonça finalement sa question, d’une voix claire et intelligible, son accent totalement indétectable. Elle ne rompit pas le contact visuel avec son interlocutrice alors que les mots passaient ses lèvres. « Mme la Maire, vous entrez dans la dernière année de votre mandat. Quel bilan tireriez-vous de vos actions jusqu’à présent ? De quoi êtes-vous particulièrement fière ? Et à l’inverse, où se portent vos regrets et votre marge de progression ? » La première question était générale pour permettre à la liverpuldienne de rebondir sur les propos de la blonde au lieu de poser une liste de questions, sans aucune interaction avec la principale intéressée.

La blonde n’avait en effet pas besoin de voir sa vie privée étalée partout dans la presse. Même si elle savait que le Times n’était pas du genre à faire dans les informations scandaleuse ou people, mieux valait prendre des précautions. Margaret comptait bien mettre les choses au clair avec son mari et gérer au mieux la chose s’il fallait en venir au divorce. La blonde avait tout de même l’espoir que son mariage ne se finirait pas avec une signature sur un bout de papier, mais Jake semblait décidé à ce qu’il en soit ainsi.
Chassant finalement ces idées sombres de son esprit, la mairesse acquiesça d’un sourire quand la brune lui avoua que ce n’était pas les sujets qui l’intéressaient. C’était ce qu’elle avait besoin d’entendre, son bureau avait beau avoir donné des consignes et essayer d’étouffer l’affaire, il y avait tout de même des choses que la curiosité avait besoin de résoudre.

Tout comme la journaliste, Maggie se redressa, bien que plus détendue maintenant que les présentations étaient faites et que la brune l’ait rassuré sur ce qu’elle avait fait. Cependant elle observa les gestes de Poppy d’un œil scrutateur, comme pour éviter de se concentrer sur autre chose. La première question arriva enfin et Margaret se sentit enfin dans son élément. Bien qu’elle avait conscience que les choix de son administration ne fassent pas l’unanimité, elle était fière de ce qu’ils avaient mis en place.

- « Tout d’abord, je dirais que c’est un honneur de travailler pour la ville de Londres. Bien que je comprenne que tout ce qui a été mise en place ne plaise pas à tout le monde, nous avons à cœur de servir au mieux les londoniens. J’aimerais saluer la manière dont les districts ont accepté de communiquer afin de pouvoir gérer aux mieux les crises que nous avons traversés ces dernières années telles que les attentats terroristes ou la gestion du Brexit qui impacte grandement notre économie. Seulement ces sujets ne sont rien face à l’augmentation des prix des logements dans la ville. Je sais que beaucoup de londoniens n’ont pas de quoi se payer un logement dans la capitale et c’est pourquoi je compte utiliser mes derniers mois pour faire avancer les choses à ce propos. Mettre l’accent sur les logements sociaux afin que chaque habitant puisse dormir dans un endroit décent chaque nuit est désormais l’une de mes priorités. » expliqua-t-elle sans parler trop vite ni trop lentement comme on l’avait toujours entrainé.

Le stylo-bille glissait contre le papier du bloc-notes, la main de la brune s’agitant avec frénésie. Elle devait rassembler les notes les plus précises possibles pour pouvoir retranscrire fidèlement les propos de la mairesse. Évidemment, en cas de doute, elle avait toujours l’enregistrement de son entretien avec la blonde. Poppy avait suffisamment d’expérience dans ce domaine et il était assez rare que ses notes soient incomplètes. Le dictaphone était simplement un filet de sécurité supplémentaire. De plus, réécouter les interviews alors qu’elle rédigeait ses articles lui permettait de se replonger dans le moment et de se remémorer le ton de son interlocutrice. L’objectif de la journaliste était de permettre au lecteur de se mettre à sa place, dans la position privilégiée dans laquelle elle se trouvait. En l’occurrence, avoir la chance de participer à une rencontre en tête-à-tête avec la maire de Londres et pouvoir la questionner sur ses projets pour la ville. La britannique voulait avant tout partager les opportunités de communication qu’elle avait avec le grand public. Alors que la bille du style roulait délicatement sur la page blanche, les yeux de la femme ne quittaient pas Margaret. Le contact visuel était très important pour qu’elles aient l’impression d’entretenir une véritable conversation. C’était la clé de toute bonne interview : entraîner le politique dans un réel échange et ne pas juste le laisser débiter son discours habituel et préfabriqué.

La trentenaire se contenta d’un sourire léger lorsqu’elle entendit les propos de la femme politique. Celle-ci commençait par des banalités pré mâchées, que n’importe quelle personnalité politique pourrait énoncer dans de telles circonstances. C’était assez décevant, mais pas surprenant. La politique était un milieu très formaté et c’était rarement le plus original ou subversif qui arrivait au pouvoir. Malheureusement. La mairesse se décida finalement à apporter des éléments de réponse à la question de la journaliste. Évidemment, elle contourna l’interrogation, n’y répondant pas de manière directe. Encore un trait typiquement politique et démagogue. La liverpuldienne n’allait pas laisser le contrôle de la conversation lui échapper si facilement. Elle n’en était pas à son premier sujet. La brune relança donc rapidement, essayant d’entretenir le rythme de leur conversation pour qu’il soit le plus naturel et normal possible. « Vous considérez donc que l’un des points forts de votre administration a été la gestion de crise ? Et à l’inverse, vous aimeriez faire mieux au niveau du logement ? Que proposez-vous concrètement ? » Après avoir lancé l’entretien sur une question ouverte, il était important de verrouiller les affirmations de son interlocuteur avec des questions fermées, où il ne pouvait que confirmer ou infirmer. Poppy lança ensuite une nouvelle question portant sur les mesures proposées par Margaret. Elle le savait pertinemment, les paroles n’avaient aucune valeur. En tant que bonne journaliste, elle attendait des données, des noms ou encore des délais de construction.

L’exercice de l’interview était sûrement ce que l’on avait le plus fait répété à la maire de Londres. Les interviews, les débats… Tout ce qui permettait de gagner des points en se démarquant sans être trop excessif. Il était clair que la politique était un art où la manipulation jouait un rôle bien plus important qu’on ne pouvait le croire. Un compliment bien placé ou une allusion à un événement pouvait faire bondir l’avis du public dans les sondages, que ce soit en bien ou en mal. Pourtant Margaret avait de vraies idées, de vrais projets qu’elle voulait mener à bien. Seulement tout ne tombait pas au bon moment ou il fallait attendre qu'une histoire se tasse avant de s'y mettre. Quelque fois il lui arrivait d’avoir l’impression d’être une poupée mais cette idée était bien vite chassée lorsqu’elle discutait avec les journalistes ou qu’elle arrêtait de penser à ce qu’elle devait dire ou faire, comme la fois où elle était restée discuter avec un agent de police sur un évènement. Elle pensait réellement améliorer les choses en arrivant à la mairie. Alors lorsque la journaliste lui demanda de confirmer ses propos, la blonde reprit la parole avec un sourire.

- « En effet. Mais je pense que toute administration doit pouvoir gérer en temps de crises. » avoua-t-elle avant de reprendre. « Nous avons malheureusement prit du retard sur les projets de logement. La réhabilitation de certains immeubles délabrer du quartier d’Hackney a été retardé à la suite de problème d'huissier. Mais j’ai rencontré les maîtres d’œuvre il y a quelques jours et ils espérent pouvoir commencer les travaux d’ici le mois prochain. La construction de nouveaux immeubles dans le quartier de Colindale a néanmoins commencé avec un peu de retard suite à quelques problèmes techniques mais tout est rentré dans l’ordre. A moins que le chantier ne prenne de retard, nous pourrons proposer des logements sociaux d’ici la fin de mon mandat. » expliqua-t-elle.

Margaret était une passionnée. Elle avait réellement envie de bien faire, de donner le meilleur d'elle-même. Seulement l'injustice que pouvait provoquer les jeux politiques lui faisaient peur. Elle avait déjà eut à faire à Mary Fraser, l'une de ses adversaires les plus redoutables qui n'avait pas eus peur de divulguer des mensonges sur ce qu'elle avait prévu de faire, notamment de nouveaux logements sociaux. Elle espérait au moins que cette interview ferait taire les mauvaises langues.

La trentenaire hocha la tête en signe d’attention, alors que son interlocutrice s’exprimait. Chaque mot qui franchissait les lèvres de la maire se retrouvait encré sur le papier dans la seconde, abrévié de manière plus ou moins compréhensible. Tant que Poppy était capable de comprendre ses propres notes, c’était tout ce qui comptait. Il pouvait même être utile que ses traces écrites ne soient pas déchiffrables par autrui. Cela éviterait à des rédacteurs en chef négligents de confier son article à un autre journaliste au moindre mécontentement et notamment de leur donner le matériel qu’elle avait elle-même rassemblé. Ce n’était pas le cas au Times, mais la liverpuldienne avait réellement connu des employeurs sans vergogne, qui n’avaient aucun respect pour le travail qu’elle fournissait. La brune était assez satisfaite que la femme politique ait énoncé des quartiers spécifiques et des délais de construction. Elle se nota de vérifier la véracité des propos de Margaret quant à l’avancement des travaux, en contactant directement les chantiers. Pour une journaliste, c’était la routine. Relayer des propos sans en vérifier la source pouvait tout bonnement mettre fin à une carrière. Peut-être même que le Times déciderait de faire un article supplémentaire sur l’un des chantiers en cours et les logements sociaux qui se dresseraient bientôt à cet emplacement.

La britannique écouta les propos de la blonde jusqu’à leur terme. Bien, elle avait suffisamment d’informations pour cet aspect-là de son article. Une ouverture juteuse qui accrocherait avec habilité l’œil du lecteur pour qu’il poursuive la lecture. Il était temps d’ouvrir sur une question un peu plus polémique. Il n’y avait aucun intérêt à passer l’interview à échanger des platitudes et à laisser la maire dans sa zone de confort. Le but était qu’elle se révèle un peu plus que la perfection préfabriquée qu’elle montrait habituellement au monde. « Certains de vos opposants politiques vous reproche votre « laxisme » en ce qui concerne la politique migratoire. Que souhaiteriez-vous leur répondre ? » La question était idéale. Elle portait sur un sujet d’intérêt général, populaire parmi les citoyens moyens. Il mettait Margaret face à ses adversaires et lui offrait une plateforme pour répondre à leurs critiques. C’était le type de question qui donnait une excellente publication, à condition que la personne interrogée joue le jeu. Poppy ne se faisait pas de souci. La maire était une politicienne expérimentée, et elle saurait profiter de cette opportunité de communiquer sur un sujet sensible et de gagner des points de popularité.