I can. I will | Leïla Williams

" Et toi Leïla, que souhaites-tu faire plus tard dans la vie ? " lui avait demandé son maître d'école.
" Je veux avoir ma propre galerie d'art. " Avait répondu la fillette, un sourire illuminant son visage enfantin et le regard pétillant. Ses camarades de classe s'étaient alors tournés vers elle, curieux de savoir qui était cette élève qui ne souhaitait pas devenir astronaute ou médecin.

Leïla était très proche de sa famille, mais notamment de son grand-père qui était lui, peintre à ses heures perdues. Elle pouvait passer des heures à le regarder peindre, en silence. Parfois, il quittait son tableau des yeux pour lui offrir un sourire chaleureux. Parfois il discutait de tout et de rien. Il lui racontait des histoires sur certains peintres célèbres comme Picasso ou Vincent van Gogh.
La jeune femme, aussi loin qu'elle s'en souvienne, s'est donc toujours passionnée pour l'art en général. La peinture était un tout autre univers dans lequel LeÏla se sentait apaisée. Elle récoltait des informations à travers les bouquins de la bibliothèque, à travers les documentaires et internet... Sa soif de connaissances en ce domaine ne se tarissait jamais.

Sa vie aurait pu être monotone. Sa vie aurait pu être simple et modeste. Sa vie aurait pu être un désastre. Si Leïla faisait partie de ces individus qui se laissent porter par le courant. Or, il n'en était rien.
Leïla, elle n'avait pas peur d'aller à contresens. Elle n'a jamais eu peur d'emprunter des chemins scabreux. Elle n'a jamais craint l'échec. Elle a toujours cru en la réussite. En sa réussite. Enfant, Leïla caressait l'espoir qu'elle se forgerait un avenir brillant. Enfant, elle s'était promis de travailler avec persévérance. Enfant, elle savait qu'elle étudierait avec véhémence pour obtenir exactement le métier qu'elle souhaitait. Et la jeune directrice n'a jamais abandonné ses rêves. Son grand-père lui interdisait de renoncer. "Leïla, tu pourrais aller sur la Lune si le cœur t'en disait. Alors ne baisse pas les bras."lui rabâchait-il, avec sa voix bourrue et son regard bienveillant.


Rien n'était parfait dans sa vie mais peut-être était-ce là toute la beauté de son existence. Des erreurs, Leïla en a fait. Des faux pas par milliers. Mais la jeune femme a toujours su tirer des leçons de ses fautes. Rien n'était facile mais son parcours était comme une évidence à ses yeux. Et voilà qu'elle se retrouvait à la tête d'une galerie d'art. Directrice. C'était un poste qu'elle avait attendu pendant bien longtemps. Un poste pour lequel elle s'était battue. Malheureusement, son grand-père n'a jamais pu témoignait de son succès. Il est décédé suite à un arrêt cardiaque quelques mois après l'anniversaire de la jeune femme, tandis qu'elle venait d'avoir 30 ans. Faire son deuil se révéla être une période difficile pour la jeune directrice, qui avait toujours entretenu un lien spécial avec son grand-père. Alors Leia redoubla d'efforts. Sa galerie allait devenir plus populaire, plus importante et plus réputée. La jeune demoiselle avait pleinement conscience que son travail finirait par payer. On le lui avait toujours radoté.

Et puis il y avait son meilleur ami. Celui qui partageait ses fous rires comme ses chagrins. Il était là dans les moments un peu désastreux, il était là dans bon les moments. Il la soutenait dans toutes ses décisions. Il était l'épaule sur qui Leïla pouvait se reposer les yeux fermés. Alors ils se sont mariés, persuadés qu'ils partageraient un futur prospère. Comme ils se sont trompés. Ils ont confondu amour et amitié. Leur mariage a gangrené avec lenteur leurs relations et plus le temps défilait, et plus la fréquence de leurs disputes augmentait. Leur relation était devenu un poison et finalement sur un commun accord, ils ont divorcé. Leïla s'est alors focalisée sur son travail, obervant de loin son meilleur ami qui fondait son propre foyer.
"Leïla, tu pourrais aller sur la Lune si le cœur t'en disait. Alors ne baisse pas les bras. Ton travail finira par payer. "
Ces mots lui arrachaient toujours un sourire. La phrase revenait régulièrement dans son esprit et bien que son grand-père avait toujours eu les mots justes pour juger le cœur de la jeune femme...il se peut qu'aujourd'hui, Leïla ne soit plus certaine de comprendre ce que demande réellement son cœur.