Des hommes et des femmes /ft Poppy

– T’es sage hein Nono ? Je compte sur toi. Tu topes là ? fit le jeune homme en présentant sa main à son fils, qui tapa dedans. Si t’es pas sage t’es puni de glace maintenant que t’as tapé. Allez bisous, je t’aime.

Il embrassa la joue de Nolan avant de reposer le gamin au sol. Nolan s’accrocha à sa jambe tandis que Sebastian donnait les dernières indications à sa baby sitter. Il avait une soirée et son boss avait tenu à ce qu’il y soit, en tant que directeur artistique de GQ, c’était quelque chose d’habituel, surtout qu’il était le petit nouveau. Seb se faisait mal à ce changement de vie assez brutal ; il bossait toujours pour la même boite mais l’Angleterre n’avait rien à voir avec New-York, même si Londres restait cosmopolite. Un dernier bisou à son fils et Seb quittait son appartement, habillé chic mais décontracté, dans un costard de soirée parfaitement adapté, d’après sa mère, qui l’avait aidé à choisir sa tenue. Il était un peu nerveux, c’était le genre de soirée où il y avait beaucoup trop de monde de beaucoup trop de journaux différents. Il finirait par s’y perdre. Mais il respira profondément ; ça se passerait bien, il en avait fait plein à New-York des soirées comme ça.

Le taxi le déposa en bas du bâtiment où la salle avait été réservée. Il se présenta à l’accueil, indiquant qui il était, présentant sa carte presse et sa carte d’identité. On lui remit un badge témoignant de son nom et de son magazine, sachant qu’il y aurait bon nombre de gens ce soir-là, et il fut lâché dans la fausse aux lions.

Il repéra rapidement ses collègues, se fit amené une coupe de champagne et ses épaules se détendirent. Il connaissait des gens et l’ambiance était plus que correcte. Le supérieur de Seb ne tarda cependant pas à lui mettre la main dessus, tenant à lui présenter quelqu’un du Times. Sans sourciller, le directeur artistique le suivit pour finalement se diriger avec son boss vers un homme discutant avec une jeune femme qui devait avoir l’âge de Seb.

– Bonsoir, puis-je vous présenter Sebastian Langston, notre nouveau directeur artistique, chargé de notre dernière édition et de toutes les prochaines bien sûr, il nous arrive tout droit de New-York

Sebastian salua ses deux interlocuteurs, leur serrant la main. Il pu cependant sentir une légère pression de la part de la jeune femme ; y avait-il un problème qu’il n’avait vu venir ?

Un verre en main, plus pour les apparences que par réelle envie, la journaliste naviguait avec aise entre les invités de cette soirée réservée aux acteurs des médias londoniens. En étant régulièrement en contact avec des personnalités politiques, la femme avait atteint une maîtrise parfaite de l’art des faux sourires et de l’échange de banalités mondaines. Pour un œil extérieur, elle devait avoir l’air d’un poisson dans l’eau dans cet environnement, alors qu’en réalité, elle n’avait aucune envie de se trouver ici. Son apparition toute récente dans les colonnes du Cosmopolitan avait quelques peu affecté son humeur, bien qu’elle ait prétendu le contraire au reste du monde. Les références qui avaient été faites à ses origines modestes, comme s’il s’agissait là d’un défaut ou d’une tare, lui avaient fortement déplu. Après avoir glissé avec délicatesse un petit four dans sa bouche et lissé d’une main experte sa robe noire, élégante mais bon marché, Poppy fut gratifiée par la compagnie de son rédacteur en chef, qui vint se placer à ses côtés. Ils échangèrent quelques banalités avant de parler plus spécifiquement de leur travail et de la direction qu’ils espéraient tous les deux voir la section politique du Times prendre à l’avenir. La brune avait l’impression d’être entendue pour la première fois depuis longtemps et cela améliora quelque peu l’image qu’elle avait de sa direction.

Le binôme fut rejoint par un autre duo, strictement masculin. La liverpuldienne connaissait déjà les deux hommes le composant. Le premier était le directeur de la branche britannique de GQ Magazine. Et le second était leur nouveau directeur artistique, fraîchement recruté. Tout comme elle, le dénommé Sebastian avait eu droit à un passage dans le Cosmopolitan, tout récemment. La femme ne le jugerait pas là-dessus, pas avec le tissu de mensonges qui avait été publié à son propos. En revanche, la trentenaire avait des préjugés assez tranchés sur les hommes travaillant dans des magazines strictement masculins, comme GQ. Un sourire poli aux lèvres, elle serra la main de ses deux interlocuteurs. Les deux supérieurs s’engagèrent dans une conversation impliquant le cours de la bourse et leurs actions respectives, et la jeune femme, qui n’avait pas été présentée, se tourna vers l’américain. Son sourire tomba quelques peu, mais elle devait faire des efforts. Tout l’intérêt d’une telle soirée était de nouer de nouvelles connexions dans son milieu après tout. « Je suis Poppy Ward, journaliste politique. Pour le Times, comme vous l’avez certainement compris… » La journaliste pondéra quelques instants, son regard se posant sur les bulles qui remontaient dans son verre, avant qu’elle ne reprenne. « Alors, Londres ? La ville vous plaît ? »