(Andrew & Jane) I'm still going to protect you

Colindale, Juin 2020,

L’américaine n’arrivait pas à y croire. Cette situation n’était pas censée se produire, à aucun moment. Le FBI et la police britannique surveillaient la petite maison dans lequel le hacker et son agente de protection vivaient depuis bientôt six mois. Alors comment un homme armé et entraîné avait-il pu s’y introduire ? C’était incompréhensible. En amont, les services de renseignement étaient supposés signaler toute mention relative à Andrew sur Internet ou dans des échanges téléphoniques. Il était impossible que le cyber-terroriste, plus si cyber que ça, les trouve et les atteigne sans que personne ne détecte rien. Et pourtant. L’homme avait tenté de désactiver les alarmes de la demeure, mais n’avait fait que les déclencher. Cela avait permis à la quadragénaire de l’intercepter dans un couloir. Elle avait été prise de cours par le niveau d’entraînement de son adversaire, qui était bien supérieur à ce à quoi elle s’attendait. Toutefois, la brune avait mis l’homme au tapis en quelques minutes. Il fallait dire qu’elle ne faisait pas dans la finesse. Chacun de ses coups était destiné à mettre l’adversaire hors d’état de nuire. La membre des forces de l’ordre n’avait aucune intention de laisser la lutte traîner en longueur. Le FBI, sous couvert de police locale, était arrivé sur ces entrefaites, arrêtant l’intrus et vérifiant une nouvelle fois la sécurité de la maison. Un petit groupe de policiers avait été assigné à la garde de la résidence pour la nuit. Jane avait ensuite été convoquée à une réunion à distance avec les responsables britanniques et américains rattachés à cette mission.

Elle venait de fermer l’ordinateur qui avait servi de support à cet entretien. L’agente du FBI s’étira avant de malaxer machinalement son épaule. Son adversaire l’avait pas mal malmenée, bien qu’elle ait eu le dessus. Son regard tourna dans le petit bureau dans lequel elle s’était recluse pour que l’échange soit privé. Elle n’avait pas adressé un mot à Andrew depuis le début de l’attaque. L’américaine sortit de la pièce à la recherche du hacker. Elle le trouva sur le canapé du salon, comme bien souvent. Il était tout de même beaucoup plus tendu qu’à l’accoutumée. Vu l’expression sur le visage du policier qui se tenait près de la fenêtre, le brun n’avait pas arrêté de parler. La brune avait vite compris que c’était son moyen d’exposer ses émotions, quelles qu’elles soient. Elle s’assit sur le canapé à une cinquantaine de centimètres de son colocataire. Elle lui sourit faiblement, en une expression un peu trop crispée, avant de s’exprimer. « Comment vas-tu ? » Son ton était un peu trop brutal pour la situation, mais la quadragénaire ne savait plus se montrer douce depuis bien longtemps. Bien qu’ils soient très différents, les deux compères avaient appris à vivre ensemble et à se supporter au cours des derniers mois. Il était notamment courant qu’ils préparent et prennent leurs repas ensemble. Souvent leurs échanges se résumaient à des babillages incessants de la part du hacker, alors que la brune ne l’écoutait que d’une oreille très peu attentive. Néanmoins, c’était la première fois qu’ils avaient à affronter une situation de cette gravité.