little hell / jesse.

@jesse andrews
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Londres est en effervescence. Jamais plus en vie qu'à présent, alors que la noirceur s'est emparée des bâtiments et des silhouettes. Les lumières pour éclairer les chemins, et la lune qui se tient timide derrière quelques nuages. Partout autour, ça continue à s'animer, ça ne dort jamais dans cette ville, Lola se dit. Ça devait être une soirée paisible pour elle, à se reposer les yeux du constant mouvement, à s'évader dans autre chose et se retrouver dans les chansons, mais y'a des comptes à rendre et elle n'est pas du genre à attendre. Filant dans les rues, comme animée d'un désir de vengeance, Lola ne laisse personne l'arrêter. Les bottes qui claquent contre le bitume, et les regards qu'elle ignore. On la laisse passer quand elle approche, Lola, comme pour éviter la tornade qui s'avance. Le tonnerre dans les yeux, et pourtant dans son visage demeure un calme olympien qui semblerait ne pouvoir être perturbé par rien. Juste du silence dans sa tête, alors qu'elle essaie de maintenir ligotées les pensées qui veulent s'envoler. Elles déborderont une fois qu'elle aura Jesse dans le champ de vision. Aucune intention de retenir ce qui doit être dit, afin de rester sain d'esprit. Il faut qu'il sache qu'elle ne se laissera pas faire, que si on lui pile sur les orteils c'est un claque qu'on se prend et rien d'autre. Et pourtant au fond de l'estomac demeure un espèce de vide qu'elle ne sait pas combler, la solitude de celle qui veut dominer un monde qui lui est encore un peu étranger. Lola, elle a l'amertume qui veut déborder de ses lèvres, un désespoir enragé dans les yeux et l'envie de tout briser sur son passage. Mais t'es seule, Lola, t'es juste seule.

Elle inspire profondément alors qu'elle avance, les escaliers remontés avec insistance, et le poing qui se fracasse contre la porte de bois. Le petit chiffre doré qui y est installé en tremble presque, et elle reste plantée là. Oreille tendue, au cas où il aurait l'idée de ne pas venir lui ouvrir. Allez, Jesse, tu sais qu'on doit se parler. Elle a les traits fatigués de la course, Lola, les cheveux rassemblés sur la tête et un pull trop grand pour ne pas qu'on la reconnaisse. Juste une fille qui doit dire ses quatre vérités à un garçon un peu trop arrogant. Le genre d'histoire qu'on a vu cent fois, et dont on ne se lasse pas. Finalement, au bout d'une éternité, la porte s'ouvre sur les traits familiers. Cheveux foncés et le regard qui l'est tout autant, Lola remonte légèrement le menton. « T'as pris ton temps. » Qu'elle lui balance d'un ton pointu, croisant les bras devant sa poitrine. « J'ai pas traversé tout le West End pour rester plantée devant la porte. Tu voudrais quand même pas laver ton linge sale en public, hein, Jesse ? » Regard plissé, regard méfiant. L'arrogance qui dégouline des mots, en se rappelant quelques heures auparavant. Oops.

son corps meurtri, qui s'évanouit sur le canapé. jesse, fébrile, occupé à ressasser le passé. jesse, le mal de vivre, l'envie de faire taire son destin maudit. son temps précieux, gâché à trop saigner. à remuer ces blessures, n'ayant pas cicatrisé. ces dernières heures, l'avenir du groupe était ombrageux. la presse déformant leurs dires, accentuant leurs propos disgracieux. entre eux, c'était la discorde. la quiétude qui s’éclipse, pour laisser place au désordre. lola, et ses lèvres déliées qui le faisaient vriller. lola, le besoin constant de rétorquer, à la moindre contrariété. il ne supportait plus les accès de colère, de celle qui se moquait de tout. de celle qui n'hésitait pas à déclarer la guerre. lola, la voix merveilleuse d'une femme un peu trop ambitieuse. lola, qui se croyait au dessus des règles, prenant du plaisir à le contrarier, armée de son sourire espiègle. à présent, il ne souhaitait plus l'épargner, ni la protéger. parce qu'elle allait trop loin, ses propos les menant peu à peu vers le déclin. jesse, qui déraille, rentrant chez lui pour mettre la pagaille. l'énervement qui monte, en repensant à ce qu'elle avait craché, au sujet de lya. abîmant un peu plus l'image qu'il souhaitait conserver de la belle, tandis qu'elle avait bien trop vite déployé ses ailes. lola, qui s'amuse à le torturer, à répondre fièrement de ses crocs acérés. jesse, le cœur en ruine, la frustration qui dégouline. si seulement elle pouvait être encore là. si seulement lola, pouvait être lya. et de ses pensées sombres, il s'agite. tournant comme un lion en cage, au bord du précipice. jesse, l'envie de tout casser, le besoin de la faire payer. alors qu'il arpente chaque mètre carré de son appartement, il est brusquement stoppé dans son élan. des coups de poing qui s'échouent sur sa porte, et comme la certitude, que c'est cette harpie qui s'emporte. alors il ferme les yeux, tentant de se contrôler pour ne pas exploser. lui, désireux de la faire souffrir. lui, ne pouvant s'empêcher de la haïr. il s'avance finalement jusqu'à l'entrée, pour faire taire les coups de cette forcenée. jesse, le mouvement rapide, violent, qui lui ouvre, le regard brûlant. " et alors ? c'était ça ou t'encastrer dans le mur, tu préfères quoi ? " gronde-t-il, alors qu'il se plantait devant elle pour lui faire barrage. pourtant, s'il ne cédait pas, il savait pertinemment que ça tournerait au carnage. lola, sauvage. lola l'orage. " j'suis pas certain que ce soit une bonne idée. toi. moi. ici, dans un lieu fermé. " dit-il sèchement, ses opales tels des éclairs, désireuses de la faire taire. il se décalait finalement, la laissant entrer, pour éviter de jouer une scène sur le palier. la porte qui claque, son myocarde prêt pour l'attaque. jesse, il ruminait. la rage qui se greffait en chacune de ses cellules. il la dévisageait, tentant de contenir ces pulsions destructrices qui le démangeaient. " alors ? il t'arrive quoi ? encore besoin d'ouvrir ta grande gueule ? " balance-t-il avec mépris, tandis qu'il ouvrait le frigo pour attraper une bière, l'ivresse pouvant peut-être restreindre sa colère. ses dents qui arrachent la capsule, la crachant par terre. ses yeux qui brûlent, ses mots qui la bousculent. " j'te préviens j'suis pas d'humeur à écouter tes conneries. " dit-il en s'asseyant sur le comptoir, tandis qu'il l'assaillait de son regard noir.

@lola cortez

@jesse andrews
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« Et alors ? C'était ça ou t'encastrer dans le mur, tu préfères quoi ? » Il gronde, l'animal. Les crocs sortis et acérés, il ne manque qu'un souffle pour qu'il frappe et que le sang gicle. C'est comme ça l'espace d'un instant, puis ça se calme, avant que la tempête ne revienne inévitablement. La marée de la haine qui les emporte toujours, alors que les nerfs et les esprits sont toujours à vif des blessures du passé. Et Lola, parfois, elle ne sait pas trop où se placer dans ce groupe encore écorché de la perte de leur coeur. Fille qu'elle ne pourrait jamais remplacer, et pourtant c'est à son poste qu'elle se tient, son micro entre les doigts, et ses chansons qu'elle balance à un public qui n'attend que ça. La mort qui tient dans sa noirceur trois gars qui ne voudraient que pouvoir retourner dans le passé, et y'a Lola qui s'est incrusté dans le tableau. Et Lola, elle, ne regarde que vers l'avenir. Pas de temps à perdre à se noyer dans ce qui aurait pu être, il ne reste qu'à relever le menton et aller de l'avant, mais c'est souvent plus compliqué qu'autrement avec le reste du groupe. Les ombres, vous portez bien votre nom. Alors elle ne répond rien à cette énième attaque, levant simplement les yeux au ciel face à son hostilité. Elle ne s'attendait à rien de moins, de toute façon, sachant qu'elle repartirait inévitablement frustrée après avoir traversé des quartiers entiers pour le trouver. « J'suis pas certain que ce soit une bonne idée. Toi. Moi. Ici, dans un lieu fermé. » En toute réponse, Lola lâche un rire amer. « Comme si j'allais te laisser m'toucher. » Il peut bien rêver, que ce soit pour l'étrangler ou la fracasser contre un mur, y'aura toujours la distance qu'il faut entre Lola et lui. Pas question de lui laisser une quelconque occasion.

La porte claque derrière elle, et Lola glisse ses mains dans ses poches, comme pour s'empêcher de serrer les poings et de le frapper. Devant le public, faut rester diplomate, mais Jesse a raison, à quelque part. Ça serait si facile, en privé, juste tous les deux, de régler nos comptes. Mais c'est pour ça que je suis là, non ? « Alors ? Il t'arrive quoi ? Encore besoin d'ouvrir ta grande gueule ? » Il la brusque, Jesse, il se fait un plaisir. L'accumulation des derniers jours, du venin glissé subtilement ou pas, et Lola en avait assez. Elle le regarde, un air mauvais sur le visage, s'ouvrir une bière comme le premier ivrogne croisé dans une ruelle. « J'te préviens j'suis pas d'humeur à écouter tes conneries. » Regard noir, regard sombre, elle pourrait se laisser écraser si elle n'était pas Lola. Mais elle croise juste des bras, ne se laissant pas impressionner par celui qui lui faisait souvent plus pitié qu'autre chose. T'es blessé, Jesse. Écorché vif. Tout le monde le voit. « Tu l'es jamais. » Qu'elle soupire, en secouant la tête. Plantée à quelques pas de la porte, comme n'osant pas à s'avancer davantage dans cet appartement. « Et c'est tes conneries qu'il faut que t'arrête. Franchement, j'en ai marre de toi et de ton attitude. Si tu veux vraiment qu'je fasse partie du groupe, bah faut me laisser faire c'que j'suis venue faire. » La voix qui claque, elle a toujours été douée pour ça Lola. Parler comme si elle aurait toujours le dernier mot, toujours, à jamais. « J'veux pas être ton amie, mais l'respect, ça se gagne. Alors si t'arrête d'me cracher dessus, j'vais faire pareil. » Tentative lancée, peut-être qu'ils sauront négocier une entente. Peut-être que c'est inutile, que ça sert à rien. Que y'a que la discorde à l'horizon, dans le fond. Mais peut-être pas. Ça vaut le coup d'essayer.