La vie rêvée d'un artiste | Elizabeth & Léopold

La vie rêvée d'un artiste

Elizabeth & Léopold

Il était lundi, et cette semaine, il s'agissait du jour de repos de Léo. Contrairement à d'autres personnes, il aimait profiter pleinement de ce temps libre. C'est pourquoi, la plupart du temps il se levait aux aurores pour ne pas en louper une miette.

Ce matin-là, il fut réveillé par les rayons du soleil. La nuit avait été compliquée, et il avait eu du mal à s'endormir. Cela faisait quelque temps d'ailleurs, il se posait beaucoup de questions sur son travail. Il adorait son job de barman, mais ce job impliquait de vivre plutôt la nuit que le jour, et ça, c'était vraiment dur pour lui. Il adorait être dehors, et respirer l'air de la nature ou admirer des paysages. Il avait besoin de ça pour se sentir bien. De plus, le dessin lui manquait, il aurait aimé avoir plus de temps à consacrer à cette passion. Bien sûr, dès qu'il avait un moment il prenait son sac, ses carnets et ses stylos et filait dans un parc, mais il avait l'impression de constamment courir après la montre. Le temps lui manquait cruellement, sa vie suivait un rythme effréné, entre le travail et ses conquêtes, il n'avait que peu de moment avec lui même.

Bon il allait maintenant falloir se lever et profiter de cette journée, au lieu de ruminer sur son sort. Dehors il y avait un grand soleil et le ciel était dégagé, c'était l'idéal pour aller au parc. Il se leva donc, et parti prendre une douche. Puis il s'habilla, se débarbouilla le visage et mit un peu de parfum. Il s'inspecta rapidement dans le miroir, il ne supportait pas de sortir débrailler. Retournant dans sa chambre, il rassembla ses affaires dans un sac à dos, et prit quelque chose à grignoter sur le trajet. Il ferma la porte de l'appartement et se dirigea vers Greenwich Peninsula Ecology Park, l'un de ses lieux de prédilection.

Arrivé à destination, il trouva un petit coin à l'ombre et s'assit au milieu de l'herbe. Il étala ses affaires par terre, s'arma d'un crayon, et commença à griffonner sur son carnet de croquis. Ce qui l'aimait par-dessus tout, c'était d'enregistrer un instant T grâce à la magie du dessin. Instant qui resterait à jamais graver sur cette feuille de papier.

Cela faisait maintenant quelques heures qu'il dessinait, et pour tout dire, la barre de céréales du petit déjeuner n'était peut-être pas suffisante. Il était environ 11h30 et pourtant son ventre gargouillait déjà, il était temps de faire une pause casse-croûte, un sandwich et une bouteille d'eau devraient faire l'affaire. Il rassemblait ses affaires, et se relevait lorsqu'il percuta une jeune femme de plein fouet.

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Un soupir quitta ses lèvres alors qu’elle se regardait une dernière fois dans la glace. Elle n’aimait pas ça, porter une perruque, se balader avec de faux papiers et se maquiller assez pour cacher ce qu’elle avait toujours été. Son ventre commençait doucement à s’arrondir si bien que cette grossesse commençait à devenir de plus en plus réelle, de plus en plus présente dans sa vie. Bientôt elle devrait se rendre à l’hôpital pour pouvoir contrôler tout ça. Alexander serait sûrement présent, se faisant passer pour l’époux transi impatient de devenir père. Voilà à quoi elle devait s’attendre cette fois.
Aujourd’hui, sa perruque était brune. La fin de l’été était encore chaude si bien qu’elle opta pour une petite robe d’été bien que cela ne laissait rien apparaître de ce qu’on pouvait savoir d’elle.

Son téléphone à la main et la montre traceur à son poignet, elle quitta la maison après avoir prévenu Alexander de son départ. Elle ne pouvait s’empêcher de vouloir quitter tout ça. Chaque fois qu’elle mettait un pied dehors, elle se sentait mieux, comme si elle revivait ailleurs. Jamais cela ne lui était arrivé, jamais elle n’aurait pensé recevoir autant de bonheur à l’idée de se balader dans la ville. Petit à petit, elle reprenait goût aux plaisirs simples de la vie et elle espérait s’en sortir assez longtemps pour continuer d’en profiter.

L’ancienne étudiante en médecine s’était décidée à se rendre à Greenwich dans le parc qui se trouvait non loin de l’observatoire. Il y avait de nombreuses personnes, mais se balader ici lui donnait l’impression de liberté qu’elle n’avait plus vraiment. Un soupir quitta ses lèvres alors qu’elle regardait la vue sur la capitale britannique. Quelques minutes plus tard, elle se décida à marcher dans l’herbe de manière assez anarchique, errant sans véritable but alors que ses pensées se tournaient vers son ancienne vie.

Elle ne faisait pas véritablement attention et c’est sûrement pour ça qu’elle ne remarqua pas le jeune homme qui se releva devant elle et lui rentra dedans.

- « Oh je suis désolée, j’étais perdue dans mes pensées. » lâcha-t-elle avant de ramasser le carnet sur le sol. « Wouah, vos dessins sont magnifiques. » souffla-t-elle avant de lui rendre son carnet, un brin admirative.

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Son sac à dos tomba au sol, son carnet ainsi que quelques feuilles volantes atterrirent un peu partout autour de lui. Malgré tout il ne s'offusqua pas, c'était une belle journée, et il fallait en profiter. La jeune femme ramassait déjà une partie de ses affaires et lui tendait aussitôt :

- « Oh je suis désolée, j’étais perdue dans mes pensées. Wouah, vos dessins sont magnifiques. »

Léo montrait rarement ses dessins, et il fut touché par ce compliment inattendu.

- « Eh...merci beaucoup. » Dit-il en souriant, et se frottant le haut de la tête un peu gêné. « Je n'ai pas l'habitude de montrer mes dessins...Je ne vous ai pas fait mal j'espère ? »

Ils s'étaient percutés de plein fouet, et il se sentait bête de ne pas avoir fait plus attention. Elle n'était pas très grande en comparaison avec lui, et il aurait vraiment pu lui faire mal. Néanmoins, elle avait l'air d'aller bien et lui souriait. Ce n'était pas trop dans ses habitudes d'aborder des gens au milieu de la rue et de faire connaissance, cependant il voulait s'excuser.

- « J'aurai dû faire plus attention moi aussi...J'allais faire une pause déjeuné avant de m'y remettre, vous avez mangé ? Je vous paye un sandwich si vous le souhaitez ? »

Il cherchait déjà de la monnaie au fond de son sac, il avait vu un camion au coin de la rue qui en vendait un peu plus tôt ce matin. Il devait encore être là.

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Elizabeth n’avait jamais été maladroite de sa vie mais depuis qu’elle vivait sous couverture c’était une toute autre histoire. Avec tout ce qui se passait dans sa vie, elle était à peine de sûre de pouvoir s’en sortir si jamais elle avait un problème. Certains matins, elle regrettait clairement d’avoir dénoncé son mari et elle ferait tout pour revenir en arrière, mais elle n’avait pas le choix. C’était comme ça et tant pis si cela ne lui plaisait pas. Son choix avait été fait et elle ne pouvait pas revenir en arrière même si elle y songeait vraiment.
Le jeune homme qu’elle bouscula avait de magnifique dessins dans son carnet. Sa petite sœur aussi était une artiste et cela lui faisait mal d’un coup de repenser à elle.

- « Non je vais bien merci. » souffla-t-elle après lui avoir rendu son carnet.

La future maman ne savait pas vraiment comment faire à présent. Il semblait adorable mais elle n’avait pas envie de risquer des problèmes. Elle entendait déjà Alexander lui hurler dessus. Seulement il était gentil et sa proposition lui faisait le plus grand bien. Un sourire sur ses lèvres, elle acquiesça d’un signe de tête.

- « Heu non j’allais y aller justement. » avoua-t-elle. « Cela me ferait grand plaisir de vous accompagner. » ajouta-t-elle avec un sourire.

La blonde le suivit alors pour aller acheter leurs fameux sandwitchs. Sur la route, elle ne put s’empêcher de demander doucement.

- « Pourquoi ne montrez-vous pas vos dessins ? » demanda-t-elle avant de reprendre rapidement. « Enfin, si vous voulez en parler, je ne veux surtout pas être indiscrète. » s’empressa-t-elle d’ajouter.

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Heureusement la jeune femme allait bien, et elle avait accepté son invitation.

« J'ai vu un camion ce matin au coin de la rue. »

Lui dit-il en souriant, il lui fit signe de le suivre. Sur le chemin elle lui demanda pourquoi il ne montrait pas ses dessins. Ce n'était pas la première personne à lui demander. Il y avait eu Lilly, enfin, avant qu'elle quitte la ville. Il n'avait pas trop compris ce départ. Mais peu à peu il essayait de se faire une raison, après tout à quoi pouvait-il s'attendre au juste ?

« Vous n'êtes pas la première à me poser la question...en y réfléchissant je pense que j'ai un peu peur de les montrer et de me rendre compte que je ne suis pas fait pour ça, que je perds mon temps à m'accrocher à cette passion. Peut-être que j'ai aussi peur que ça marche...je n'ai pas l'habitude du changement... »

En se confiant à elle, il s'aperçut qu'il n'était pas aussi sur de lui que ce qu'il voulait faire paraître. Et que c'était beaucoup plus simple de parler sans filtre avec une personne qui ignorait tout de sa vie, de qui il était.

« Je crois que je n'ai jamais dit ça tout haut. »

Dit-il en rigolant, ils arrivaient au camion, et Léo commanda deux sandwichs et deux bouteilles d'eau, il régla le tout.

« Pour m'excuser de la bousculade, vous voulez vous asseoir ? »

Lui demanda-t-il en lui indiquant un banc à quelques pas. Cette jeune femme lui paraissait familière, elle lui faisait penser à quelqu'un mais il n'arrivait pas à savoir à qui.

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Elizabeth suivit le brun vers le camion. La curiosité était un vilain défaut et pourtant elle ne put s’empêcher de lui demander pourquoi il ne montrait pas ses dessins. Un sourire se dessina sur ses lèvres quand il avoua pourquoi il ne les montrait. C’était touchant. C’était mignon et elle le comprenait. Le changement n’était jamais facile à vivre. Enfin selon elle.

- « Je vous comprends. Mais parfois le changement a du bon. » lâcha-t-elle avec un sourire.

Discuter avec un inconnu, quelqu’un qui ne connaissait rien de sa situation lui faisait le plus grand bien, comme si elle était une autre personne. Un sourire se dessina sur ses lèvres en pensant à elle-même. Le changement lui avait fait peur avant qu’elle ne prenne la décision de quitter le gang. Jamais elle n’avait pensé qu’elle en serait capable et pourtant à présent elle ne regrettait pas son choix.

- « Merci. » fit-elle quand il régla les coûts du repas.

La jeune femme ne pouvait s’empêcher de sourire. C’était léger comme moment, à des années lumières de ce qu’elle vivait finalement. Alors quand il proposa de s’asseoir, elle accepta avant qu’il ne récupère leur sandwich.

- « Je sais qu’on ne se connait pas vraiment mais si vous avez envie de parler, je peux être une oreille attentive. » fit-elle avec un sourire rassurant. « Je m’appelle Eleonore Standford. » fit-elle pour se présenter.